Un « voleur » invité à la table du roi : une alliance contre le peuple

4 Fév

La main invisible défini par Adam Smith pour mesurer la  neutralité de l’autorité vis-à-vis de la volonté du peuple mais aussi de la souveraineté détenue par le peuple, prends aujourd’hui une nouvelle forme, une nouvelle appellation, la main tendu sur le dos du peuple par l’autorité pour lui retirer le droit de veto qu’il détient en toute chose.

Le peuple a déjà dit non contre le vol, le peuple traque les voleurs de derniers publics, le peuple dit non à l’enrichissement illicite, le peuple enlève l’immunité parlementaire de certains de ses représentants, le peuple opte pour une gestion macroéconomique transparente afin de mener le Sénégal vers l’émergence.

Ces mots ont conduit ces derniers temps à la mise en place du Programme Sénégal Emergent. Mais que signifie un Sénégal émergent ? En d’autre terme que renferme ce concept ? L’émergence est économiquement comme étant l’emprunt, par un pays, de la voie de la croissance soutenue afin de le conduire vers un même niveau de développement que les plus développés dans le monde.

Si l’émergence est une condition nécessaire, elle n’est pas suffisante pour garantir le rattrapage des pays les plus développés. En effet, la notion de développement va au-delà de l’économique pour embarrasser le social, le respect de la règle de droit, et se repose sur une gouvernance politique, administrative, locale mais surtout sur le respect de la souveraineté du peuple. Un développement durable repose essentiellement sur le triomphe de la règle absolue et rationnelle contre le bon vouloir et l’arbitraire pour paraphraser le sociologue allemand Max Weber.

Si aujourd’hui les alternances en 2000, et en 2012 se sont succédées, c’est parce que d’abord en 2000, le principal problème tournait autour d’une remise en cause du modèle de gouvernance économique. Et ensuite en 2012, le problème de la demande social et de la remise en cause de l’absence d’Etat de droit ont conduit essentiellement à la seconde alternance.

Les origines de la critique de l’absence de l’Etat de droit remonte pour certain de la politique de  transhumance adoptée par les dirigeants de l’époque afin de se maintenir éternellement au pouvoir. Elle avait été critiquée fortement par les citoyens qui le voyaient comme un complot sur le dos du peuple. La seconde alternance apparait alors comme devant être une solution à l’arbitraire et au bon vouloir.

Aujourd’hui, un nouveau slogan commence à voir le jour : «en contrepartie d’une simple alliance sur le dos du peuple, donne-moi ta main, je te tends la mienne pour te sauver de la prison». La notion de transhumance prend une nouvelle forme, celle des alliances.

L’exemple le plus récent peut être l’appel de Abdoulaye Baldé par le  ministre Benoît Sambou, qui pourtant, est au centre de la gouvernance stratégique c’est-à-dire de la mise en place du PSE. Et pourtant, il appartient au Président de République, dans un régime présidentiel, de garantir l’application de la règle de droit. Et le ministre, suivant ce régime, est un élément de l’exécutif qui assure la règle de droit. Dès lors, nous disons à Monsieur le Président, que sa main commence à être visible, et donc lui conduira à la trahison du concept de base qui sous-tend le libéralisme et la démocratie.

S’il est vrai qu’on ne peut le juger qu’à la fin de son mandat, il appartient au peuple d’être éclairé sur chaque décision qui touche l’intérêt général afin qu’une gestion transparente et vertueuse soit à l’ordre du jour. La durée d’un mandat s’inscrit en effet dans le moyen terme au moment où le citoyen inscrit alors son utilité dans le quotidien. Dès lors, toute déviation du sentier d’expansion sera jugée par un élément de l’ensemble qui sera incapable de faire la distinction entre l’intérêt général, dès qu’il est dévié, et son utilité qui reste menacer dans le moyen terme. Ainsi, sa réaction reste vive et devient rapidement contradictoire vis-à-vis de l’équité, l’efficacité et de la stabilité.

L’anticipation et la stratégie de développement durable, la gestion de la stabilité, la recherche d’une gestion optimale entrant en phase avec la souveraineté du peuple reste aujourd’hui au centre d’une gouvernance efficace et non l’invitation d’un « voleur » à la table du roi pour une alliance contre le peuple.

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